29 mai 2006

Un ange à ma table (Jane Campion)

29 mai 2006

Un ange à ma table est l' adaptation d'une autobiographie en trois tomes de Janet Frame, une femme né en 1924 à l'autre bout du monde : en Nouvelle-Zélande. En dépit de la pauvreté de sa famille, elle devient institutrice, mais d'une timidité maladive, elle demeure incapable de communiquer. Diagnostiquée à tort schizophrène, elle est internée durant huit ans dans un asile psychiatrique et subit des centaines d' électrochocs. Évitant de justesse la lobotomie grâce à la publication d'un recueil de nouvelles récompensé par un prix, elle décide de se consacrer pleinement à sa passion pour la poésie et l'écriture. La réalisation de Jane Campion dépeint à merveille une vie poignante et semée d' embûches. Il me semble que la réalisatrice cherche à coller au plus près à la sensibilité de Janet : le film est alors sincère, honnête et sans point de vue moralisateur pesant. Un ange à ma table m'a spécialement ému pour deux raisons. C'est tout d'abord un fabuleux film sur l'écriture. Elle permet à l'héroïne de se révéler, d' exister dans un monde qui ne veut pas la reconnaître. Cet art est une véritable catharsis alors qu'elle est doublement isolée : dans un asile sordide et renfermée sur elle-même. Ensuite, j'aime le ton employé par Jane Campion qui ne juge pas les personnages. Sous son regard, la vie de Janet Frame n'est ni laide ni embarrassante, mais ressemble à une poésie lyrique.

Note : 5/6

22 mai 2006

Embrasse-moi, idiot! (Billy Wilder)

22 mai 2006

Kiss me stupid est une comédie irrévencieuse des années 60 qui joue constamment avec la censure de l'époque. Impossible de monter le nombril d'une femme à l'écran? Kim Novak le couvre d'un diamant. Plus encore, le film est une quasi- apologie de l'adultère. Etonnant dans un pays encore très attaché aux valeurs familiales. Billy Wilder tire à boulet rouge sur l' american way of life représentée ici par un gentil couple middle-class. Les acteurs sont bons : Kim Novak, Felicia Farr, Ray Walston en mari maladivement jaloux ... mais Dean Martin est de loin le plus épatant, fidèle à lui même à l'écran comme à la ville : insouciant, un verre à la main, l'oeil rivé sur les jolies femmes.

Note : 4/6

Dark blue (Ron Shelton)


Un Los Angeles tiraillé par les tensions multiraciales. Un Los Angeles gangrené par la corruption. Un Los Angeles qui ne se remet pas de l'affaire Rodney King, victime de la brutalité policière. Un Los Angeles au bord de l' explosion. ... Et la réalisation de Ron Shelton est aussi nerveuse qu'un film de mariage d'un couple nonagénaire. Dommage, une adaptation d'une histoire de James Ellroy, maître des romans noirs disséquant les rouages d'une société pourrie, sondant ses âmes damnés - pègre ou flics à la moralité douteuse, aurait dû créer l' évènement. Mais des fautes de goût : des acteurs moyennement convaincants, des scènes trop explicatives (un discours final de Kurt Russel affligeant), un manichéisme mal venu et, j 'insiste encore, une réalisation désespéremment plate et pépère plombent ce polar urbain. La succession du sulfureux "To live and die in LA" de William Friedkin reste ouverte.

Note : 1,5/6

17 mai 2006

Assassination Tango (Robert Duvall)

17 mai 2006
Un tueur professionnel est envoyé en Argentine pour éliminer un ancien général. Robert Duvall - à la fois réalisateur et acteur - y est un croisement improbable entre le Robert de Niro des Scorcese (pour sa paranoïa et ses colères soudaines) et le chanteur Christophe ( queue de cheval et lunettes de soleil aidant). Plaisanteries à part, il campe à merveille un homme complexe et torturé, partagé entre sa vie de famille heureuse et son métier de destruction. Sans doute à l'image du tango "à la fois amour et haine, un tout", le véritable personnage central . Une danse argentine auquelle on peut être hermétique, mais qui apparaît ici comme le point d' orgue de la créativité et de la sensualité. Je me suis laissé porter par les discussions passionnées - et donc crédibles - sur le tango, sa manière de le vivre et de le penser. En somme, Assassination tango est réussi en tant que film de rencontre, de découverte de l'autre et de sa culture. Par contre, toute la partie "thriller" me parait plus poussive et sans originalité. Ce film me fait alors penser aux romans noirs qui ne reposent pas tant sur une intrigue haletante que sur la peinture d'un milieu et de ses individus.

Note : 4/6

14 mai 2006

Open Water (Chris Kentis)

14 mai 2006
La confrontation de l'homme avec le monde sauvage a donné son chef d'oeuvre : Délivrance de John Boorman. A sa toute petite échelle , Open water fonctionne plutôt bien. Deux plongeurs se retrouvent abandonnés au milieu de l'océan . L'angoisse universelle de la perte totale des repères (famille, maison, travail, projets) est bien rendue. Les profondeurs sombres et inconnues de la mer alimentent toutes les craintes.

Open water joue clairement la carte du réalisme. L'utilisation de la dv (vidéo numérique) est alors justifiée avec un aspect "film de vacances". Mieux encore, c'est une véritable expérience sensorielle : le filmage caméra au poing en constant mouvement me donne furieusement le mal de mer. Concernant les dangers marins, la créature rouillée des dents de la mer aux comportements irrationnels est écartée au profit d'un banc de vrais requins à la présence menaçante : une simple apparition d'un aileron glace d'effroi. Mais le scénario n' exclue pas les autres tourments : la faim, la soif, la nuit, et la panique, tension psychologique qui ronge la solidarité du couple. Enfin, la courte durée du film (80mn) évite le remplissage, la monotonie et les répétitions même si les 20 premières minutes ressemblent un peu à un mauvais sitcom.

Note : 3,5/6

10 mai 2006

Femmes au bord de la crise de nerf (Pedro Almodóvar)

10 mai 2006

Dans un appartement chic d'Espagne : Pepa est obnibulée par sa rupture avec Ivan. Elle reçoit la visite de Candela qui a découvert que son petit ami est un terroriste chiite. Survient alors Marisa , la copine du fils d'Ivan, pour la visite de l'appartement. Reste Lucia qui sort tout juste d'un hopital psychiatrique. "Femmes au bord de la crise de nerf" : un genre de vaudeville où Almodovar apporte sa touche personnelle. Décor kitsch (l'appartement, l'intérieur du taxi), couleur exubérantes et situations rocambolesques. Amateur de classicisme fuyez ! Les autres apprécieront une comédie baroque qui fonctionne très bien grâce à un rythme endiablé. On n'atteint pas encore les sommets de "En chair et en os", de "Tout sur ma mère ou de "Parle avec elle". Néanmoins, j'apprécie cette farce corrosive où les femmes ont enfin le premier rôle, les personnages masculins sont soit effacés (le fils d'Ivan ou les policiers ne participent pas à l'action), soit lâches (Ivan cherche à fuir toute confrontation).

Note : 4/6

07 mai 2006

Porco rosso (Hayao Miyazaki)

07 mai 2006
Je me souviens avoir vu une première fois porco rosso sur canal + au milieu des années 90 alors que je ne connaissais rien de Hayao Miyazaki. Je suis tombé en plein milieu de ce dessin animé par hasard surement un après midi pluvieux propice au zappage intensif. Mais le temps faisant son office, seules quelques images d'un cochon avec la voix de Jean Reno et de magnifique ballets aériens au dessus de la Mer Adriatique me restaient en mémoire. Jusqu'à ce samedi soir.

Porco rosso est un aviateur individualiste à tête de cochon durant les années 20 de l'Italie fasciste. Chasseur de prime vivant sur une ile déserte seulement accessible par hydravion, il lutte contre les pirates de l'air.
Le dessin animé donne tout de suite le ton par une joute aérienne entre porco et les pirates gaffeurs. Les scènes de voltige sont impressionnantes de fluidité et remporte haut la main le défi de nous tenir en haleine. De l'aventure certes mais le film vole agilement vers les cieux de la comédie romantique, de la poésie et de l'onirisme : lorsque Porco, lors de souvenirs émus de compagnons d'arme décédés, retrouve visage humain. Si les disneys recyclent avec bonheur des histoires ancrées dans la conscience collective (contes, légendes et quelques romans), le tour de force des histoires originales de Myazaki est de faire vivre un rêve nostalgique de l'enfance perdue.

Note : 5/6

05 mai 2006

The mission (Johnnie To)

05 mai 2006

Avec un scénario qui tient sur un ticket de métro : après une tentative d'assassinat, un bonnet de la pègre engage 5 professionnels qui tisseront des liens d'amitié , Johnnie To signe un polar très attachant. J'aime son filmage : split screen, gun fight insolites presque immobile (quel contraste avec les films de John Woo !) mais plus encore le choix de certaines scènes qui valent plus qu'un grand discours : un jeu improvisé avec une boulette en papier pour tromper l'ennui suffit à montrer une amitié naissante. Aucune lourdeur. Une bonne partie du mérite revient aux acteur hong kongais qui campent avec une facilité déconcertante leur personnage. Devenu fan d'Anthony Wong : je le crie à gorge déployée. Rien à jeter et surtout pas la musique sublimement ringarde.

note: 4,5/6

04 mai 2006

Spiderman 2 (Sam Raimi)

04 mai 2006
Des êtres hors-norme, aux pouvoirs surnaturels, des aventures plus extravagantes les unes que les autres ... Néanmoins, dans une grande majorité de comics , ces superhéros ont une part d' humanité qui permet à l'identification de jouer pleinement. c'est la force des spiderman de Sam Raimi de ne pas faillir à cette tradition. Peter Parker est un jeune étudiant qui passe par tous les tourments du jeune ado boutonneux lambda : timidité, doute, stress des examens et blocage quasi-sexuel. Par contre, ce souci d'authenticité se fait au détriment des autres personnages, transparents , totalement au service du personnage central. Mais ce n'est pas à mon avis le plus grand défaut de ce film. En effet, Spiderman 2 se démarque très difficilement de son prédécesseur. Du sérieux surplace. Les amateurs de sensation forte relèveront des scènes impressionnante de combats . Mais définitivement ces effets spéciaux numériques ne me plaisent pas du tout même si des progrès sont notables comparativement au premier opus. A l'image de ces scènes de haute voltige, où tel un tarzan moderne, Spiderman passe de gratte-ciel en gratte-ciel, qui font clairement penser à un jeu vidéo désincarné. L'avenir du cinéma? Je ne l'espère pas.

note : 2/6

03 mai 2006

MAL : mutants aquatiques en liberté (Sean S. Cunningham)

03 mai 2006
La programmation de RTL9 est fascinante : on y découvre nombre films quasiment plus diffusés, abandonnés depuis bien longtemps dans les poubelles de l'histoire audiovisuelle. Je crois avoir découvert Hidden et Enemy sur cette chaine luxembourgeoise, deux honnetes séries B des années 80. Mardi soir, j'ai tenté ma chance :
Un équipage isolé du monde. Un monstre, inconnu des scientifiques, les menace. Alien? Non : "Deep star six"! Ou M.A.L : mutants aquatiques en liberté (pour les anglophobes en mal de sensations fortes). MAL appartient à toute cette veine de films copiés sur alien se déroulant non plus dans l'espace mais dans les fonds marins dont Leviathan (de George "Cobra " Cosmatos). Et ce film est effectivement d'une connerie abyssale. Décors en carton pâte volés aux frères Bogdanoff . Personnages caricaturaux au possible : le pauvre gars qui rêve de remonte à la surface pour savourer un bon hamburger et le fourbe de service vont etre sacrifié sur l'hotel de ce scénario trépidant. Le monstre terrifiant? une sorte de homard géant avec deux misérables dents qui aura tout de même le bon goût d'épargner deux jeunes tourtereaux, héros d'un soir qui s'échapperont à bord d'un matelas en plastique.

Note : 0,5/6
 
Design by Pocket